Toute sa vie durant, Louis-Jacques Rollet-Andriane n'aura cessé d'écrire sans jamais apparaitre dans la lumière des projecteurs. Ce grand féministe, amoureux fou de sa femme Marayat dont il s'inspira pour s'écrire au féminin sous le nom d'Emmanuelle Arsan, entité double, multiple, rêvée et transcendée, disait dans "Toute Emmanuelle" : "À chacun sa schizophrénie, l'anonymat est la mienne. (...) Déballer mon identité devant l'interviewer ou le photographe me fait souffrir comme la lumière fait mal aux yeux des albinos."

Diplomate, chargé de mission pour l'OTASE et l'UNESCO, il écrivit avec (ou "au travers de") sa femme Marayat, au milieu des années 50, le livre érotique désormais culte "Emmanuelle" et toute l'oeuvre qui s'en suivit, comme les remarquables "Les enfants d'Emmanuelle" "Sainte Louve" ou encore "La Siamoise Nue".

Le débat sur l'identité d'Emmanuelle Arsan a, ces dernières années, occulté la parole de cet auteur dont on ne peut dire qu'elle est une femme, ni qu'il est un homme, mais sur lequel encore doit planer le mystère. Emmanuelle Arsan est un couple; mieux encore : un trio, un quatuor, une ribambelle de rêveurs s'enrichissant sans cesse de celles et ceux qui ont durant des décennies rêvé "Emmanuelle", la femme générique, mythique, l'Ève future, la Lilith retrouvée.  

Après l'essai "La Philosophie Nue", ressorti en décembre 2016 et enrichi de la postface de l'amie du couple Suzanne Brogger, Le Sélénite est fier d'éditer le dernier livre écrit par Louis-Jacques, ode à sa Marayat disparue. Ce livre de poèmes, intitulé "Livre des cendres d'Emmanuelle", a été donné en mains propres à Jean-Claude Grosse, éditeur ami, avec qui nous sortons maintenant cette édition originale conjointe. (voir détails ici)

Que Louis-Jacques ait remis ce tapuscrit en mains propres, en assumant ainsi pour la première fois la "paternité" (il ne pouvait en être autrement après la mort de Marayat : "Emmanuelle Arsan" n'était plus...), nous a aidé à nous sentir légitime d'y apposer son nom; meme si nous avons choisi de ne pas le faire figurer sur la couverture de l'ouvrage, respectant ainsi la présentation du tapuscrit. 

Sous son véritable nom il publia en 1969, avec M. Conil Lacoste, dans le cadre d'une de ses missions pour l'UNESCO, un "Sauver Venise" paru chez Arnoldo Mondadori, éditeur milanais, et qui fut traduit en français en 1971 (Robert Laffont).